Édito
Polémique sur la cérémonie d'ouverture des JO : le silence assourdissant de Marine Le Pen et Jordan Bardella

Si Marion Maréchal ou la Conférence des évêques de France (CEF) ont semblé irrités par certaines scènes de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques à Paris, ni Marine Le Pen, ni Jordan Bardella n'ont exprimé la moindre critique.
Article rédigé par franceinfo, Bérengère Bonte
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Marine Le Pen (à gauche), chef du parti d'extrême droite français Rassemblement National (RN), suivie du président du parti Jordan Bardella, le 9 juin 2024 après l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale. (JULIEN DE ROSA / AFP)

Dans la polémique qui a secoué une partie de la droite, de l’extrême droite et l’église catholique suite à la cérémonie d’ouverture des JO, deux voix ont marqué par leur absence : celles de Marine Le Pen et Jordan Bardella. A-t-on raison de s’étonner de ce silence ? C’est vrai que ça tranche avec la fureur d'une Marion Maréchal qui dès 21h14, vendredi 26 juillet, devant la télé avec ses enfants évoque sur X : "le trouple qui s’embrasse, les drag queens, l’humiliation de la garde républicaine  obligée de danser avec Aya Nakamura… ". Le message fait 14 millions de vues ! 

Des Républicains jusqu’à Philippe de Villiers en passant par l’église catholique, d'autres se sentent agressés par ce qu’ils considèrent comme un détournement blasphématoire de la Cène du Christ. 
Mais Chez Marine le Pen, ou Jordan Bardella, rien de tout ça, alors qu’ils sont très prolixes sur les médailles françaises.

En réalité, ce n'est pas si surprenant. D'après une source qui la connaît bien, des hommes qui s’embrassent, ce n’est pas un sujet pour Marine Le Pen. Un trouple ? la belle affaire. La présidente du groupe à l’Assemblée a toujours dit : chez nous, chacun est libre sur les questions de société. En mars, pour la constitutionnalisation de l’IVG, elle vote pour, mais accepte que 24 députés RN votent contre. 

La stratégie de dédiabolisation

Est-ce une stratégie politique ou des convictions ? Disons que c'est surtout une évolution, qui a accompagné la dédiabolisation. En 2014, lorsque le mariage pour tous est adopté, Marine Le Pen promet qu’elle l’abolira. Elle ne le dit plus ! En fait, dès 2010, Marine Le Pen fait s’étrangler la vieille garde du FN, son père notamment, en expliquant que "dans certains quartiers, il ne fait pas bon être femme, ni homosexuel, ni juif… ni même français ou blanc." Pour le sociologique Éric Fassin, la question nationale et raciale se "transforme en question de genre et de sexualité" . "Nous" traiterions bien nos femmes, voire nos homosexuels, au contraire d'"eux" les étrangers. 

Jordan Bardella, président du RN est sans doute plus conservateur. A-t-il été invité à se taire cette fois-ci ? Impossible de l’affirmer, mais impossible de l’exclure. Un sondage IFOP pour Têtu avant la présidentielle de 2022 montrait que l’électorat LGBT au RN dépassait la moyenne nationale. Le plus gros score était promis à Emmanuel Macron : 22%, suivi directement par Marine Le Pen : 17%. Loin devant les 4% d’Anne Hidalgo au PS. D'autres en Europe, Geert Wilders notamment, le Premier ministre néérlandais, défend d’habitude les gays comme pour prolonger sa position anti-musulman. Mais cette fois, la cérémonie d’ouverture l’a fait sortir de ses gonds ! De quoi rendre encore plus assourdissant le silence du duo Le Pen/Bardella.

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